En tant que directeur associé de GK Group Legal, cabinet d'avocats international dont le siège se situe en Espagne, Levon Grigorian n'est pas étranger à la résolution de problèmes juridiques complexes. Représentant d'Enterprise Armenia en Espagne, il investit dans de nombreuses entreprises arméniennes. Levon est également impliqué au sein de l'UGAB depuis 2016 et est membre du comité des Jeunes Professionnels (YP) Madrid. Il a notamment fait partie de la délégation YERIA (Young Europeans for the International Recognition for Artsakh) de l'UGAB pour la reconnaissance internationale de l'Artsakh lors de la guerre des 44 jours en 2020.
Comment et quand avez-vous commencé à vous impliquer dans l'UGAB, et pour quelles raisons avez-vous été attiré par l'organisation ?
Ma famille s’est installée en Espagne en raison des pogroms de Bakou et de la première guerre d'Artsakh, et j’y ai grandi sans avoir de contact avec la communauté arménienne. J’ai eu cependant la chance d'être élevé par une mère très fière de ses origines. En 2012, après avoir terminé mes études de droit international, j'ai beaucoup voyagé. J'ai tissé des liens étroits avec des Arméniens partout où j'ai eu l'occasion de me rendre, comme à Bruxelles, New York, Londres, São Paulo, Washington et Moscou. J'ai commencé à m’intéresser à des organisations internationales axées sur la préservation de notre héritage, notre culture, notre religion et notre langue, qui contribuent au développement de l'Artsakh et de l'Arménie. L'UGAB travaille au quotidien sur tous ces sujets. J’ai rejoint l’organisation en avril 2016 au moment où j'ai senti que je devais m'engager davantage pour aider la terre de mes ancêtres, l'Artsakh.
Pouvez-vous décrire votre expérience en tant que membre de la délégation YERIA pendant la guerre en Artsakh de 2020 ?
C'était l'un des moments les plus difficiles de ma vie. J'ai rejoint la délégation YERIA en Arménie avec deux députés, un conseiller politique et trois médias espagnols. Certains se sont rendus en Artsakh début novembre, sous les bombardements, pour témoigner de ce qui se passait sur le terrain. Toutes les routes entre Erevan et Stepanakert étaient couvertes de sang et de carcasses de voitures bombardées par des drones turcs. Nous avons été témoins de la façon dont les infrastructures civiles étaient bombardées, notamment dans des zones résidentielles, des marchés, des écoles, des hôpitaux etc. Nous avons également été témoins de l’utilisation par l’Azerbaïdjan de bombes au phosphore et à fragmentation.
L'Azerbaïdjan et la Turquie ont tenté de détruire un territoire entier et commettre ainsi un nouveau génocide. J'ai ressenti une fois de plus dans ma chair les conséquences des actes de l'Azerbaïdjan, comme ma famille en a été témoin dans les années 90. À Stepanakert, j'ai promis de faire tout mon possible pour aider l'Artsakh et sa population. À mon retour en Espagne, je me suis engagé à montrer au monde ce qui se passe en Arménie et en Artsakh afin d’alerter sur les conséquences de ce nouveau génocide. Avec les YP Madrid, nous avons mis en place une stratégie de communication à destination des politiques, informant des actualités sur le terrain et contribuant ainsi à l'adoption de plusieurs motions pro-arméniennes au Parlement espagnol. De même, plusieurs articles ont été publiés dans les grands médias espagnols et des reportages ont été diffusés à la radio.
En tant que participant au programme de l'UGAB EmpowerHer, pouvez-vous nous dire ce que vous avez observé chez les femmes entrepreneures arméniennes et en quoi ce programme est essentiel ?
Diana Abgar a été la première femme diplomate au monde à être nommée consule de la première République d'Arménie (1918-1920) au Japon. La force et la persévérance des femmes arméniennes sont uniques, et nous pouvons dire que les femmes arméniennes sont la colonne vertébrale de notre nation. De nos jours, nous devons travailler ensemble en tant que communauté pour atteindre l'égalité complète entre les femmes et les hommes. À cet égard, l’indépendance économique est essentielle pour renforcer les droits des femmes. Grâce à ce programme, j'ai pu constater leur volonté de créer et de bâtir un avenir meilleur pour leurs familles et leur pays. On peut voir briller l’étincelle dans leurs yeux et leur volonté de réussir. Le programme EmpowerHer est l'outil idéal pour ces femmes qui souhaitent acquérir une meilleure indépendance financière, sociale et réaliser tous leurs objectifs et leurs rêves. Si les Arméniens de la diaspora veulent s'engager davantage dans le développement de l'Arménie et de l'Artsakh, de tels programmes sont essentiels et je recommande vivement de les soutenir.
Votre engagement au sein de l'UGAB a-t-il influencé votre famille, vos amis et votre carrière ?
Il est difficile de combiner un travail de lobbying et la gestion d'un cabinet d'avocats international. Mais il est essentiel pour moi de voir les résultats du travail que nous menons et la manière dont nous aidons les populations d’Artsakh et d’Arménie. Désormais, je comprends mieux les sacrifices que ma mère a faits pour nous et pour notre communauté, seule dans un pays étranger, tout en continuant à nous transmettre la culture arménienne, sa foi, ses valeurs et ce peu importe les difficultés qu’elle a pu traverser. En ce qui concerne mes amis et surtout les non-arméniens, je les invite régulièrement à participer aux activités de l'organisation. Il n'y a pas de plus grande satisfaction que de voir des personnes de différents pays croire en un projet commun guidé par un amour inconditionnel pour l'Artsakh et l'Arménie. J'ai également la chance d'avoir une femme formidable, qui comprend tous les efforts et les sacrifices nécessaires pour aider notre cause.
Qu’aimeriez-vous que les gens sachent à propos de l'UGAB ?
Je voudrais que les gens sachent qu'à l'UGAB, nous travaillons ensemble pour construire une communauté arménienne plus forte. La mission principale et séculaire de l’organisation s’articule autour de quatre piliers que sont l'éducation, la culture, l'aide humanitaire et le développement socio-économique. Quels que soient votre sexe, votre âge, votre orientation sexuelle, votre origine ou votre religion, vous êtes les bienvenus à l'UGAB, et c'est pourquoi nous sommes fiers de notre devise "L'union fait la force".
Quels sont les plus grands atouts de l'UGAB et les projets que vous aimeriez voir être développés à l'avenir ?
L'UGAB, en tant qu'organisation apolitique, peut unir les Arméniens du monde entier et les orienter vers la construction d'un avenir meilleur. La guerre de 2020 nous a fait perdre une génération entière. C'est pourquoi l'UGAB doit continuer de concentrer ses efforts sur la jeunesse d'Arménie et d'Artsakh et les aider à construire des carrières solides qui leur permettront de s'épanouir professionnellement mais surtout personnellement.
Concernant les programmes, nous devons renforcer nos projets dans le journalisme, comme le programme de formation au storytelling, initié par les YP Madrid, qui a lieu chaque année à Goris et qui forme des journalistes arméniens à mieux atteindre les médias européens. Depuis 2021, plus de 100 articles internationaux ont été publiés par les alumni du programme. Cette couverture médiatique continue à ce jour, avec la crise humanitaire liée au blocus du corridor de Latchin par l’Azerbaïdjan. Être arménien, ce n'est pas avoir un nom de famille se terminant par - yan ou - ian ; c'est vivre en tant qu'Arménien et défendre notre religion, notre culture et nos valeurs. Comme me l'a dit Charles Aznavour un jour en Espagne, "C'est notre devoir d'Arméniens d'aider notre peuple." Aujourd'hui, plus que jamais, notre peuple a besoin de notre soutien.