janvier 01, 2024
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L’Art comme acte de mémoire

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    expo Bruxelles

À travers son exposition "Arménie. Le Temps du sacré", la Fondation Boghossian met à l’honneur le riche patrimoine architectural et culturel arménien et les œuvres d’artistes contemporains faisant écho à la mémoire de ce patrimoine. Un voyage à travers une Arménie millénaire qui perdure en dépit des multiples menaces. Organisée avec le soutien de l’UGAB Europe, Iconem, la Fondation Aliph, Tumo, le Musée Arménien de France, l'exposition est à voir à la Villa Empain à Bruxelles jusqu’au 10 mars 2024.

L’art et l’écriture est pour chaque civilisation une manière de laisser une trace de son patrimoine, en s’inscrivant dans le temps long. Pour les Arméniens, un peuple ancien enclavé dans une région au carrefour des luttes d’influence entre empires ou néo-empires rivaux, ces traces maintiennent en vie une culture dont l’existence même aujourd’hui relève presque du miracle.

L’art arménien et son rapport au temps, à la mémoire et au sacré, est le fil rouge de cette exposition, qui mêle des pièces exceptionnelles du Musée Arménien de France et des œuvres d’artistes contemporains comme autant d’actes de mémoire. Ainsi, miniatures, manuscrits et objets liturgiques précieux, pour la première fois exposés au public, côtoient les œuvres de Sarkis, Mekhitar Garabedian, Antoine Agoudjian, Jean Boghossian, Aïda Kazarian ou encore Pascal Convert qui occupe une salle à part entière.

Le patrimoine architectural arménien est également mis en avant par le biais de vidéos immersives d’églises et de monastères arméniens en péril, réalisées par la société française Iconem, qui œuvre depuis une dizaine d’années pour la sauvegarde numérique du patrimoine mondial en danger. Suivant la technique de photogrammétrie, les milliers d’images de sites arméniens obtenues par des prises de vue au sol et par drone, sont ensuite remodélisées afin de les reconstituer en 3D. Les vidéos exposées, produites par Iconem, en collaboration avec TUMO, permettent de (re)découvrir des lieux historiques emblématiques, tels que les monastères de Geghard et de Haghpat, mais aussi des trésors cachés enfouis dans des coins reculés de l’Arménie, qui abritent parfois d’étonnantes et splendides fresques murales, comme celles de l’église Surp Hovhannes à Meghri.

Comme l’explique Yves Ubelmann, fondateur d’Iconem, les sites patrimoniaux en Arménie font face à plusieurs types de menaces. Si les tensions aux frontières et le risque de guerre est une menace évidente, l’isolement de ces sites et leur difficulté d’accès ainsi que leur environnement et la végétation sauvage qui les entoure pèsent également dans leur détérioration déjà en cours. Grâce au travail d’Iconem et de TUMO, la mémoire de ces sites est désormais protégée. Les images recomposées peuvent révéler avec précision les typologies des édifices, dater certaines phases de leur construction, ou encore révéler des faiblesses de structure. Tout un ensemble de données, non seulement précieuses pour la science et les restaurateurs, mais aussi pour lutter contre l’effacement d’une culture dont l’exceptionnelle richesse ne cesse de fasciner.

L’UGAB Europe a choisi une fois de plus de soutenir une exposition qui met en valeur les arts et la culture arménienne auprès du grand public. Selon Camilio Azzouz, président de l’UGAB Europe : « Nous sommes fiers de soutenir cette exposition qui met en lumière le patrimoine culturel arménien, ancien et contemporain, mais aussi le travail essentiel sur la préservation de ce patrimoine en danger. Nous sommes persuadés que l’exposition dans ce lieu exceptionnel qu’est la Villa Empain à Bruxelles pourra intéresser et fasciner un maximum de personnes, arméniennes et non-arméniennes. »

Cet article a été publié dans les Nouvelles d'Arménie Magazine n°313