octobre 01, 2023
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Camp Nairi de l'UGAB : aider les enfants traumatisés par la guerre à se reconstruire

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    nairi nam 2023

Le Camp Naïri de l’UGAB permet de favoriser le bien-être des enfants qui ont subi des traumatismes, grâce à des activités ludiques et des séances thérapeutiques des professionnels agréés. A ce jour, l’UGAB a aidé près de 250 enfants âgés de 7 à 13 ans chaque été depuis 2021. Au mois d’août dernier, l’UGAB a pu organiser 2 camps en Arménie et a réussi la prouesse d’organiser à distance un camp en Artsakh pour les enfants qui ne pouvaient pas se déplacer en raison du blocus illégal imposé par l’Azerbaïdjan.

La guerre de 2020 et ses conséquences ont eu un impact particulièrement dévastateur sur les enfants. Selon l'UNICEF, "les enfants portent des cicatrices et des traumatismes invisibles dont la guérison peut prendre toute une vie.” En raison des menaces permanentes qui pèsent sur la sécurité de l'Arménie, le bien-être psychologique de ces enfants et de leurs familles reste fragile. Grâce au soutien de ses donateurs, l’UGAB peut maintenir le Camp Nairi pour cette communauté vulnérable.

Des colonies pour soigner les blessures psychologiques

Situé dans la région de Kotayk en Arménie, le camp de Hankavan est proposé gratuitement aux enfants âgés de 7 à 13 ans qui ont perdu un membre de leur famille tombé au combat, emprisonné, ou ayant subi des blessures importantes. L’UGAB y propose 2 sessions de deux semaines chaque année.

Selon Hermine Duzian, directrice du Camp Nairi, "cette colonie offre aux enfants qui remplissent les conditions requises un environnement sûr et encourageant, avec des activités de renforcement de la confiance en soi. Grâce à un programme spécial dirigé par des psychologues certifiés, en plus du personnel spécialement formé, les enfants du Camp Nairi reçoivent des soins de qualité. Le cas de chaque enfant est unique et un plan thérapeutique personnalisé fait partie du processus".

Cette année, en raison du blocus du corridor de Latchin imposé par l’Azerbaïdjan empêchant le déplacement des Arméniens d’Artsakh, le camp Naïri a été organisé à distance. Une trentaine d’enfants qui avaient déjà participé aux éditions précédentes ont pu à nouveau profiter de la colonie et de ses activités éducatives et ludiques organisées par une équipe d’animation locale.

Réapprendre à faire confiance

L’élaboration de ce programme n’a pas été simple. De nombreuses préoccupations ont émergé, notamment sur la manière dont les parents pouvaient accorder leur confiance aux équipes de l’UGAB. “La première année, nous avons eu de longues conversations avec elles pour les convaincre d'autoriser leurs enfants à participer au camp. Nous savions qu'il serait plus facile de gagner leur confiance une fois la session commencée" selon Herminé Duzian.

La douleur étant récente, et leur psychisme fragile, il arrivait que les enfants soient réfractaires à leur nouvel environnement. L’équipe a passé des nuits à réconforter des enfants qui se réveillaient au milieu de la nuit en pleurant leurs pères et frères tombés au combat. "Aujourd'hui, ils se sentent beaucoup mieux", indique Herminé Duzian. "Ils ont apprécié cette expérience, qu'il s'agisse des activités éducatives et ludiques ou des loisirs. Ils se sont également habitués à la discipline, qui les accompagnera tout au long de leur vie d'adulte", a-t-elle ajouté.

Dès le premier jour de l’annonce de l’édition de cette année, plus de 100 demandes ont été reçues. Outre le nombre croissant de participants, en 2023, 70 % des participants étaient déjà présents à la première ou à la deuxième année du camp, signe que le succès a été au rendez-vous.

Les activités éducatives du camp sont axées sur l'héritage et la culture arméniens, la musique et l'artisanat. Après trois ans de fréquentation régulière, Gor exprime ses sentiments à l'égard du camp Nairi : "J'aime tout ce qui se passe ici. J'aimerais pouvoir rejoindre la deuxième session de cette année, mais je sais que c'est impossible". Il a même une danse arménienne préférée qu'il a apprise au camp. "J'adore la Tamzara et je la danse très bien", ajoute-t-il avec une pointe de fierté. Sa mère Meri exprime elle-aussi son étonnement : "Je savais que le camp Nairi aurait un impact positif temporaire, mais je n'aurais jamais pensé qu'il aiderait mon fils à surmonter sa douleur sur le long terme".

Faire face à l'inconnu

Les années qui ont suivi la première édition, de nouveaux défis sont apparus en raison des agressions azéries qui surgissent toujours pour rappeler aux victimes et aux survivants que la paix ne peut pas être considérée comme acquise. L’année dernière, les enfants d'Artsakh ont dû interrompre le camp à mi-parcours car le gouvernement azéri menaçait de bloquer le corridor de Lachin à tout moment. Le camp avait la responsabilité d'assurer le retour en toute sécurité des enfants dans leurs foyers avant que cela ne se produise.

Fidèle à son objectif de nettoyage ethnique en Artsakh, l'Azerbaïdjan a ainsi bloqué le corridor de Lachin, la seule voie de communication de l'Artsakh avec le monde extérieur, au début du mois de décembre 2023. En mai 2023, à titre préventif, l'UGAB a formé des spécialistes en Artsakh pour faire fonctionner le camp localement pour la session d'août. En raison de graves pénuries de nourriture et de carburant, les ressources rassemblées n'ont été suffisantes que pour la session d'août.

À ce jour, le camp Nairi a accueilli plus de 250 enfants et continue d'en accueillir des centaines au cours de l'année. Alors que les menaces persistent et risquent de rouvrir des blessures profondes, le Camp Nairi de l'UGAB bénéficie du soutien vital des donateurs pour continuer. Des enfants comme Gor Tonoyan ont appris à gérer leurs peurs, leur chagrin et leurs émotions afin que leur traumatisme ne les maintienne pas bloqués dans le passé.

Pour en savoir plus sur le Camp Naïri ou pour faire un don, rendez-vous sur agbu.org/camp-nairi

Cet article a été publié dans les Nouvelles d'Arménie Magazine n°310