septembre 06, 2023
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L'UGAB lance un appel au conseil de sécurité de l'ONU pour faire appliquer le terme génocide au blocus de l’Artsakh par l'Azerbaïdjan

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"Le moment est venu de joindre l'acte à la parole, en envoyant par exemple une aide humanitaire d'urgence, sur le terrain ou par voie aérienne, afin de faire face à la menace de génocide causé la famine et la maladie."

Une semaine après la réunion d'urgence du 16 août du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) pour discuter de la crise humanitaire en cours en Artsakh, la direction de l'UGAB a pris la décision d'envoyer une lettre d'appel à chacun des 15 représentants membres du Conseil, dont l'Albanie, le Brésil, la Chine, l'Équateur, le Gabon, le Ghana, la France, le Japon, Malte, le Mozambique, la Russie, la Suisse, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, les États-Unis, ainsi qu'à la délégation de l'Union européenne auprès de l'ONU à New York.

Le message de cet appel est fort : qualifier le blocus du corridor de Latchine par l'Azerbaïdjan de ce que les experts en Droits de l'Homme et les agences internationales définissent aujourd'hui comme un génocide.

"En qualifiant officiellement et publiquement les actions de l'Azerbaïdjan de génocide, les États membres des Nations unies peuvent invoquer la Convention des Nations unies sur le génocide et prendre des mesures fortes pour prévenir et punir les actes de génocide, par l'intermédiaire de la Cour internationale de Justice. Ils peuvent également mettre en œuvre des actions stratégiques pour répondre à leur obligation de réagir face aux situations où le génocide constitue une menace réelle", a déclaré dans l’appel Berge Setrakian, président de l'UGAB.

Ces lettres font suite à un appel urgent de l'UGAB datant du 10 août au secrétaire d'État américain Antony Blinken, dans lequel Berge Setrakian exhorte les États-Unis à tenir compte des avertissements du rapport publié par Luis Moreno Ocampo, ce dernier faisant autorité en matière de violations des droits de l'homme. M. Ocampo y présente des arguments convaincants pour qualifier la crise de l’Artsakh de génocide imminent. L’appel demandait au secrétaire d'État Blinken d'intervenir pour garantir l'ouverture du corridor de Latchine afin de permettre l'acheminement d’une aide humanitaire sur le terrain ou par voie aérienne, conformément à l'avertissement du rapport selon lequel l’apparition d’une famine généralisée n'est plus qu'une question de quelques semaines.

Pour compléter l'analyse de M. Ocampo, l'ancien conseiller spécial du secrétaire général pour la prévention des génocides et professeur des droits de l'homme à l'American University (Washington, D.C.) Juan Mendez, a présenté le 23 août un rapport aux États membres qui s'étaient réunis pour poursuivre l'examen de crise. Le professeur Mendez s'est concentré sur la notion de devoir de prévention de la communauté internationale en soulignant les faits, constituant une raison suffisante pour alerter rapidement la communauté internationale sur le risque que la population d’Artsakh subisse "une atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe", telle que définie par l'article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Les appels de l'UGAB ont été envoyés aux membres du Conseil de sécurité ainsi qu’à leurs ministres des affaires étrangères respectifs, non seulement pour appuyer les conclusions d'Ocampo et de Mendez, mais aussi pour exhorter les Nations unies à intervenir immédiatement pour lever le blocus et mettre fin à la pénurie alimentaire en Artsakh. "Le moment est venu de joindre l'acte à la parole, en envoyant par exemple une aide humanitaire d'urgence, sur le terrain ou par voie aérienne, afin de faire face à la menace de génocide causé la famine et la maladie", a insisté M. Setrakian dans sa lettre.

Dans une récente interview avec l'UGAB, Sheila Paylan, experte en droit international public et en droits de l'homme ayant plus de 15 ans d'expérience en tant que conseillère aux Nations unies, a cité la Convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale comme "l'un des traités internationaux les plus importants, la discrimination raciale pouvant conduire à un nettoyage ethnique".

Sheyla Paylan poursuit : "Dans la mesure où, [le blocus] provoque une crise humanitaire et de fait, entraîne un nettoyage ethnique et perturbe, ou menace, la paix et la sécurité internationales dans la région, le Conseil de sécurité des Nations unies est investi non seulement d’un pouvoir, mais aussi de la responsabilité d'intervenir immédiatement lorsqu’un évènement tel que celui-ci se produit".

Berge Setrakian a également mis en lumière les initiatives de l'UGAB pour alerter de façon plus générale. "L'Azerbaïdjan se comporte comme un État membre voyou de l'ONU, qui de manière audacieuse viole les conventions de l'ONU et les lois internationales sur les droits de l'homme. Il bafoue l'ordre mondial que les Nations unies se doivent de défendre et envoie un signal dangereux aux États, leur indiquant qu'ils peuvent eux aussi commettre des crimes contre l'humanité en toute impunité".

Face à la préoccupation internationale grandissante pour le sort des 120 000 Arméniens d’Artsakh, l'UGAB France, en coordination avec la maire de Paris Anne Hidalgo et les régions françaises d'Île-de-France, d'Auvergne-Rhône-Alpes, des Hauts-de-France, d'Occitanie et des Pays de la Loire, a pris l'initiative d'envoyer une aide humanitaire et des produits de première nécessité sur place. 10 camions ont été envoyés depuis Erevan aux populations d’Artsakh, qui ne reçoivent plus qu'un demi-pain par jour en raison de la pénurie alimentaire. L'entrée du convoi a malheureusement été bloquée par les forces azerbaidjanaises.

Sur Twitter, la maire a déclaré : "Ici, au corridor de Latchine, nous témoignons qu'aucune aide humanitaire ne peut entrer en Artsakh, en violation totale des droits de l'homme. Nos 10 camions d'aide humanitaire sont bloqués. Une crise humanitaire est en cours, il y a urgence." Plus tard, lors d'une conférence de presse, Madame la maire a déclaré : "Nous sommes plus déterminés que jamais à porter la voix du droit international, la voix de l'Arménie. Elle a ajouté : "Le processus de paix, entériné dans les accords de 2020, doit être respecté. C'est la condition de leur survie, à l'heure où l'Azerbaïdjan tente de cacher ses ambitions génocidaires."