Un webinaire GORIZ de l’UGAB examine trois dimensions du leadership

Des centaines de participants d’une quarantaine de pays ont assisté au webinaire Goriz de l'UGAB le 4 juillet dernier pour écouter trois leaders d'opinion du monde arménien partager leur expérience et leurs réflexions sur le thème du leadership : Ari Libarikian (McKinsey & Company), Ani Kharajian (Harvard Business School) et Ruben Vardanyan (Aurora Humanitarian Initiative).

Organisé par l'UGAB Europe comme un séminaire en ligne ouvert au public, venant s’ajouter au programme Goriz 2020 de formation au leadership, le webinaire a donné l'occasion à de jeunes professionnels arméniens du monde entier d’en apprendre davantage sur l'expérience de ces trois dirigeants du milieu de l’entreprise et de la philanthropie et notamment sur trois dimensions du leadership : se diriger soi-même, diriger les autres et diriger des organisations.

Modéré par Armen Ovanessoff, directeur principal chez Accenture, le webinaire débuta par une session interactive demandant aux participants de se projeter en 2022 quand la pandémie sera passée et d’imaginer les changements qu’ils souhaiteraient observer sur le plan personnel, professionnel et communautaire. Cet exercice permit de visualiser le rôle fondamental des leaders en tant que moteur du changement et de souligner ainsi l’importance que revêt aujourd’hui la formation des jeunes au leadership. Ovanessoff le précise, “s’il y a bien un moment dans le temps où nous avons besoin d’un leadership responsable et de qualité, c’est bien maintenant, dans cette période de crise - sanitaire, économique et social - que nous traversons.”

Diriger les autres

Directeur principal à la Harvard Business School, Ani Kharajian expliqua comment la façon dont les dirigeants travaillent avec leur équipe peut faire toute la différence dans la réalisation de leurs objectifs, même dans des contextes difficiles et peu familiers. Lors de son expérience en Chine où elle dirigea un projet de formation destiné aux cadres d'entreprises étatiques en l’an 2000 alors que le pays était sur le point d’intégrer l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), Kharajian comprit que diriger son équipe avec empathie, humilité et ouverture d'esprit, tout en restant proche de ses valeurs fondamentales, lui permit de réussir malgré les barrières culturelles et linguistiques. Convaincue que “l'empathie et l'humilité sont les meilleurs moyens d'obtenir le soutien dont on a besoin en tant que leader”, Kharajian encouragea chaque futur leader à réfléchir à la manière de “construire un pont entre soi et son équipe” en veillant à “ne pas mettre de pression inutile sur son équipe en lui imposant des exigences irréalistes”.

Kharajian souligna également l'importance d'être très clair quant à nos erreurs, encourageant chacun à l’honnêteté et à la transparence. S’adressant aux jeunes participants du webinaire, elle précisa : “sachez quand vous ne savez pas et soyez honnête car c'est là que nous pouvons prospérer, quand nous reconnaissons nos faiblesses et qu'ensemble nous donnons le meilleur de nous-mêmes”.

Echouer pour apprendre

Dans son intervention, Ruben Vardanyan, entrepreneur et philanthrope russo-arménien, examina à quel point les styles de leadership ont évolué au cours des dernières décennies et comment les compétences en matière de leadership sont devenues de plus en plus essentielles aujourd'hui, tant dans le monde professionnel que dans nos sphères privées. M. Vardanyan souligna le fait que nos systèmes d’éducation traditionnels ne sont plus adaptés, dans le sens où ils produisent souvent de bons gestionnaires, mais malheureusement de moins bons dirigeants. Vardanyan releva également que les mesures du succès ont complètement changé au fil du temps, ajoutant que “l'échec aujourd’hui fait partie du processus”, tout en rappelant que "le succès ne vient que lorsque l'on s'engage pleinement et qu’il faut être prêt à tout perdre”.

Diriger des organisations

Enfin, Ari Libarikian, associé principal du bureau new-yorkais de McKinsey & Company et membre du conseil d’administration de l’UGAB monde, présenta un point de vue détaillé sur la  manière de diriger des organisations avec succès, en particulier en période de crise lorsque des compétences encore plus fortes en matière de leadership sont nécessaires. Il identifia trois éléments clés qu'une organisation doit posséder afin de réussir : un objectif central, une stratégie et une culture (un ensemble de valeurs). M. Libarikian expliqua la notion de “servant leadership” - "le leadership serviteur”, selon laquelle un dirigeant dirige en donnant l'exemple, et préconisa l'approche "tester et apprendre". En temps de crise, Libarikian précisa également que "nous devons privilégier la franchise au détriment du charisme. Dans un tel contexte, nous avons besoin d’'honnêteté et d'ouverture d'esprit de la part d’un leader".

Produire un impact positif en Arménie

Les présentations des intervenants ont été suivies d'une table ronde sur la manière d’agir et de créer un impact en Arménie. Les secteurs des nouvelles technologies et de l'éducation sont apparus comme deux domaines d'investissement essentiels et prometteurs dans lesquels la diaspora pourrait s'engager et faire la différence. Kharajian pense que notre rôle devrait être d'élargir les horizons de la jeune génération en Arménie et de la mettre en contact avec le reste du monde. Selon M. Libarikian, il faut aussi nous rappeler que notre aspiration en tant que leader doit être globale, et pas seulement arménienne, précisant aux participants qu’"en tant que leader, vous devez chercher à être le meilleur, point. Pas le meilleur en Arménie. Vous devez gagner sur la scène mondiale".

Le webinaire s'est terminé par une session interactive répondant à la question suivante : que changeriez-vous ou que feriez-vous pour être un meilleur leader cette année ? Les mots qui apparurent l'un après l'autre à l'écran - écoute, résilience, sur-communication, confiance, servant-leader, ouverture d'esprit, solidarité, passion, etc. - ont donné le ton sur la manière d'atteindre nos objectifs en tant que leaders d'aujourd'hui et de demain.

Comme l’indiqua Nadia Gortzounian, Présidente de l’UGAB Europe, dans son introduction au webinaire, en tant que leaders, “nous avons la responsabilité ensemble de montrer au monde que l’Arménie et les Arméniens comptent”, ajoutant que “puisque nous sommes ici tous Arméniens par choix, l’échec n’est pas une option”. La transmission des connaissances entre des leaders reconnus issus du monde arménien et des jeunes professionnels qui ont fait le choix de leur arménité est en effet au cœur du programme Goriz de l’UGAB, qui a pour but de développer une nouvelle génération de leaders attentifs et engagés, susceptible de produire un impact positif sur la nation arménienne et de l’humanité dans son ensemble.

Cet article a été publié dans les Nouvelles d'Arménie Magazine n°276